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"Quand ce savoir illumine l’être, tout lui est révélé, à la manière du soleil qui illumine toute chose lorsque vient le jour." (Bhagavad-gita 5.16)

Le monde matériel et l'analogie de l'arbre banian (BG 15.1)

 
 
_______________________ 
Chapitre 15
Verset 1
Le monde matériel et
l'analogie de l'arbre banian
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śrī-bhagavān uvāca
ūrdhva-mūlam adhaḥ-śākham
aśvatthaḿ prāhur avyayam
chandāḿsi yasya parṇāni
yas taḿ veda sa veda-vit

 

śrī-bhagavān uvāca — Dieu, la Personne Suprême, dit; ūrdhva-mūlam — avec des racines au-dessus; adhaḥ — vers le bas; śākham — des branches; aśvattham — un banian; prāhuḥ — est dit; avyayam — infini; chandāḿsi — les hymnes védiques; yasya — desquels; parṇāni — les feuilles; yaḥ — quiconque; tam — cela; veda — sait; saḥ — il; veda-vit — le connaissant des Vedas.

TRADUCTION

Le Seigneur bienheureux dit:

Il existe un arbre banian dont les racines pointent vers le haut et les branches vers le bas. Ses feuilles sont les hymnes védiques. Qui le connaît, connaît les Védas.

 

TENEUR ET PORTÉE

Après que nous ayons démontré l'importance du bhakti-yoga, il se peut que certains s'interrogent sur celle des Vedas. Ce chapitre nous enseigne précisément que l'étude des Vedas n'a d'autre but que de comprendre Kṛṣṇa. Celui, donc, qui est établi dans la conscience de Kṛṣṇa, dans le service de dévotion, connaît déjà les Vedas.

Ce verset compare le dédale de l'univers matériel à un arbre banian. L'être voué aux actes intéressés n'y trouve nulle issue. Il erre sans cesse d'une branche à l'autre, et, parce qu'il est attaché à l'arbre, ne peut s'en libérer. Les hymnes védiques, qui ont pour but de permettre aux êtres de s'élever, sont considérés comme les feuilles de cet arbre. Quant à ses racines, parce qu'elles partent de la planète de Brahmā, la plus évoluée de l'univers, elles pointent vers le haut. Celui qui peut connaître cet arbre d'illusion, mais impérissable, pourra également s'en échapper.

Il faut bien comprendre cette voie de délivrance. Nous avons vu, dans les chapitres qui précèdent, qu'il existe de nombreuses méthodes par quoi l'homme peut se libérer des intrications de la matière. Et, jusqu'au treizième, ces chapitres ont présenté le service de dévotion comme la meilleure d'entre elles. Sachons maintenant que le principe fondamental du service de dévotion est de se détacher des actes matériels et de s'attacher au service sublime du Seigneur. Le début de notre chapitre traite donc du moyen par quoi l'homme tranchera les liens qui le retiennent au monde de la matière. On dit que la racine de l'existence matérielle pousse vers le haut; c'est qu'elle procède de l'entière substance matérielle, et commence avec la plus haute planète, d'où se déploie tout l'univers, avec ses branches innombrables, qui représentent les divers systèmes planétaires. Les fruits de cet arbre représentent les résultats des actes accomplis par les êtres: piété, accroissement des richesses, plaisir des sens et libération.

On croit n'avoir jamais encore vu, en ce monde, un arbre aux branches en bas et aux racines en haut, mais il existe pourtant. On le trouve près de l'onde miroitante. Chaque arbre, sur les berges, s'y reflète, et son reflet a bien les branches en bas et les racines en haut. En d'autres mots, l'arbre de l'univers matériel n'est autre que le reflet de l'arbre véritable, le monde spirituel. Comme la réflexion de l'arbre repose sur l'eau, celle du monde spirituel repose sur le désir matériel. Car c'est ce désir qui nous fait voir les choses telles qu'elles apparaissent dans la lumière réfléchie du monde matériel. Celui qui cherche à s'échapper de l'existence matérielle doit connaître cet arbre en profondeur, en l'étudiant de façon analytique. Alors il pourra trancher les liens qui l'y retiennent.

Parce que cet arbre du monde matériel est un reflet de l'arbre véritable, de l'arbre du monde spirituel, il en constitue aussi une réplique exacte. La diversité, présente dans l'univers matériel, existe également dans le monde spirituel. Les impersonnalistes connaissent Brahman comme la racine de l'arbre matériel; et de la racine, selon la philosophie du sāńkhya, procèdent la prakṛti, le puruṣa, puis les trois guṇas, puis les cinq éléments grossiers (pañca-mahā-bhūta), puis les dix "sens", ou organes des sens (daśendriya), le mental, etc. Ainsi, les multiples éléments de l'univers matériel sont considérés comme provenant de la racine de cet arbre. Or, si Brahman en est la racine, il se trouve donc à la jonction de l'arbre réfléchi et de l'arbre réel. Il s'ensuit que les mondes matériel et spirituel forment un cercle ayant Brahman pour centre; cent quatre-vingt degrés de ce cercle embrassent le monde matériel, et les autres, le monde spirituel. Puisque le monde matériel est le reflet, dénaturé, du monde spirituel, la diversité du monde spirituel constitue donc la réalité. La prakṛti est l'énergie externe du Seigneur Suprême, et le puruṣa n'est autre que le Seigneur en personne, comme l'enseigne la Bhagavad-gītā. Le monde où nous vivons est matériel, et donc temporaire, car tout reflet ne peut être qu'éphémère, tantôt manifesté, tantôt non. Mais l'origine du reflet de l'arbre matériel, l'arbre véritable, est éternelle. Il faut trancher, ou abattre la réflexion matérielle de l'arbre réel. De fait, l'homme qui connaît les Vedas est l'homme qui sait trancher les liens par quoi il est retenu au monde matériel. S'il connaît cette méthode, il connaît vraiment les Vedas. Au contraire, celui qu'attirent les rituels des Vedas, les belles feuilles vertes de l'arbre matériel, ignore le but véritable des Vedas: et c'est, comme le révèle le Seigneur Lui même, d'abattre cet arbre-reflet, pour parvenir à l'arbre véritable, au monde spirituel.

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